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Casier 75C
1 avril 2006

Chapitre II - 1

Pendant la semaine, je me suis fait suivre par mes deux fidèles compagnons dès que j’allais au casier. C’étaient mes deux ombres protectrices qui frissonnaient dès que j’entrouvrais la petite porte bleue de cette foutue boîte en ferraille. Mais rien ne se passait. Pas de monstre gluant à notre poursuite, pas d’événement bizarre, pas de dangers …

Anne, Laure et Tom furent ravis de voir qu’ils n’avaient rien raté d’intéressants et que si ça allait se passer - allez savoir ce qu’on met sous le « ça » ! -, ça serait avec eux. Mais le destin en avait choisi autrement …

Leur classe était sortie à 12h et nous, on devait rester jusqu’à 17h30. Et ce fut durant ce laps de temps qu’arriva ce que nous redoutions. J’étais allée à mon casier, toujours accompagnée, de Lynan et de Lily. Lorsque j’ouvris la petite porte en fer, tout devint noir autour de nous et nous sentions le sol s’écrouler sous nos pieds.

automne

Quand j’ouvris les yeux, j’étais dans une clairière éclairée par un soleil brûlant. Mes compagnons ne s’étaient pas réveillés et étaient toujours allongés et inconscients sur un tapis de feuilles mortes. Mes yeux, éblouis par cette lumière abondante, ne pouvaient voir les détails du paysage mais je savais que les arbres qui m’entouraient étaient magnifiques avec leur feuillage jaune, orange et marron.

 Ça va ? me demanda Lily à son réveil.

 Plutôt bien mais j’ai du mal à voir autour de moi. J’ai l’impression d’avoir du brouillard dans mes yeux.

 Ouais, moi aussi. Lynan n’est pas réveillé ?

 Non.

 Ce serait bien qu’il se réveille car on a besoin de lui.

 Pourquoi ?

 T’es aveugle, ma parole ! Avec les yeux mi-clos, on ne voit quand même que plusieurs dizaines de personnes nous encerclent.

 Ah, oui. Tu as raison, dis-je en apercevant des silhouettes autour de nous.

 Votre ami va bien ? nous demanda une voix inconnue.

 Je pense que oui mais qui êtes-vous ?

 Les habitants de ce monde. Chaque année, une personne arrive dans notre monde et décide si elle y reste ou pas.

 Si elle y reste ? dit Lily.

 Oui, certains de vos « amis » décident de rester et vous les verraient tout à l’heure. Alors, nous envoyons des copies d’eux dans votre monde.

 Nous récupérons des copies ? m’écriai-je avec indignation. Vous nous rendez des copies ?

 Oui et nous faisons en sorte que la copie se fasse renvoyer de votre lycée. Nous lui demandons de faire oublier à l’entourage de la personne l’existence de l’être humain original.

 Vous en savez beaucoup sur nous mais nous ne savons rien sur vous, dit Lily. Où sommes-nous ?

 Dans notre monde.

 Et il n’a pas de nom votre monde ?

 Non. Nous ne lui avons pas donné de nom car c’est le seul monde que nous pouvons visité.

 Où avez-vous appris à parler notre langue ?

 Nos ancêtres viennent de votre monde et parlaient votre langue. Vous avez construits votre lycée sur la porte qui menait à notre monde.

 Ce n’est pas de notre faute, dis-je avec désolation. C’est pas nous qui avions construits ce bâtiment.

 Quoi qu’il en soit, le casier dont nous ont parlés les précédents arrivants est en plein sur la porte. Elle s’ouvre à une période de l’année bien précise pour permettre l’entrée dans notre royaume et une date précise pour ceux qui veulent en sortir, une semaine après celle de l’entrée.

 Ça explique tout, dit Lily.

 Mais pourquoi avez-vous renvoyé des copies aussi cinglées ? demandai-je.

 Ce sont des ordinateurs et ils ne parlent pas notre langue. Nous ne sommes pas assez évolué pour leur apprendre notre langage.

 C’était bien une autre langue qu’ils murmuraient sans cesse, dit Lily.

 Oui, dis-je, perdue dans mes pensées. Tiens, Lynan vient de se réveiller, fis-je remarquer à ma compagne.

 Ça va Lynan ?

 Oui, ça va les filles, dit-il en se frottant les yeux. Mais où sommes nous ?

 Bon, on va simplifier, dis-je. Nous sommes dans un monde dont la porte est le casier 75C. Il est peuplé de gens qui habitaient avant dans notre monde.

 C’est une blague, Sandra ?

 Non. Je ne rigole pas. Mon casier est une porte qui donne sur un monde inconnu …

 D’accord, dit Lynan avec incertitude. Nous sommes donc dans un autre monde peuplé de gens de notre monde. Sinon, c’est tout ?

 Non mais bon, on va pas te faire un discours, dit Lily.

 Bon, je vous laisse ! déclara Lynan. Je retourne dans notre beau monde …

 Lynan, c’est pas un jeu, lui dis-je. Et on peut y retourner que dans une semaine. On est obligé d’aller dans leur village.

 Y a forcément un moyen …

 Non, y a pas moyen de s’enfuir avant d’avoir passé la semaine ici. Mais ça n’a pas l’air mal comme monde ! lançai-je avec joie.

 OK, je reste. De toutes façons, on n’a pas le choix.

 Non, on n’a pas le choix, dit Lily. Et si tu veux mon avis, je resterai bien ici au moins pour une semaine.

future_city

On se laissa guider vers le village de ces étranges habitants. Mais nous avions tort d’appeler ça un « village » car c’était une véritable mégapole. Immeubles, gratte-ciels et autoroutes envahissaient le paysage. Nos yeux étaient ébahis devant une telle technologie. Georges Lucas n’aurait pu faire un tel paysage dans un de ses films. Ils étaient plus évolués que nous. Des robots ramassaient les ordures et d’autres indiquaient le chemin aux passants. Mais ceux-ci faisaient tâche au milieu de ce paysage futuriste, habillés de tunique blanche. Pas de différences entre les vêtements féminins et masculins : ils étaient absolument tous habillés de la même manière tels des clones.

Au milieu de cette ville moderne trônait une cathédrale de style gothique. Et c’est dedans que nous allions. Un homme se tenait au centre d’une gigantesque salle dont les murs étaient ornés de peintures qui ressemblaient à celles de De Vinci. On avait l’impression de changer d’univers en rentrant dans ce bâtiment. Il était l’intrus dans ce monde digne de la science-fiction.

 Oh, voilà les nouveaux arrivants ! s’écria l’homme qui se tenait au milieu de la cathédrale. Allez-vous bien ?

 Oui, très bien, répondit Lynan. Ça va. Mais on aimerais bien savoir où sommes-nous ?

 Dans le temple du savoir, nous rétorqua l’étrange homme. Lui était vêtu d’une tunique mauve.

 Le temple du savoir ? s’écria Lily.

 Oui, nous recueillons les informations que nous donnent les gens de votre monde qui viennent ici. Ça nous permet d’en savoir plus sur nos ancêtres.

 On peut vous refiler nos livres d’histoire-géo si vous voulez, lança Lynan avec ironie. Mais vous vous en lasserez bien vite.

 Vos livres doivent être passionnants ! dit l’homme.

 On leur donne nos livres de cours ? me demanda Lynan. C’est une bonne excuse pour ne pas aller en cours !

 Oui, pourquoi pas ! Le programme est nul cette année.

 Le programme ? interrogea l’inconnu.

 Oui, le programme, répondit Lily. C’est la liste de ce que nous devons apprendre dans une année. Et suivant les années, on s’ennuie en cours.

 Qu’apprenez vous pendant ses cours ?

 Le français, les mathématiques, l’histoire, la science et plein d’autres choses toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres, s’écria Lynan.

 Arrête ! dis-je avec méchanceté. Ils vont se faire une sale idée de notre monde.

 Ça y est. Elle est déjà calée dans l’histoire des mondes. Si tu veux faire de la diplomatie, fallait pas venir avec moi.

 J’avais remarqué !! Tu ne sais que plaisanter ! Jamais rien n’est sérieux pour toi. Tu prends tout à la rigolade à part tes foutues coïncidences.

 Ah oui ! Et bien, mes coïncidences, tu peux te les mettre là où je pense ! cria-t-il avec rage.

 Où ? demanda l’étranger, d’un air totalement paumé.

 Oubliez, monsieur, répondit Lise gentiment. Arrêtez-vous, nous dit-elle beaucoup moins doucement. On dirait deux gamins.

 Oui mais si cette saloperie ne sait pas rigoler, c’est pas de ma faute, répondit Lynan, la rage brillant dans ses yeux.

 L’humour va un temps mais il faut savoir s’arrêter ! criai-je. Et ça ne fait pas partie de tes qualités apparemment ! Ce qui est bien regrettable !

 Tu peux garder tes regrets pour toi ! Mais sache que je peux être sérieux quand je le veux.

 Alors, tu veux très rarement.

 Bon, on arrête ?! me demanda Lynan avec le sourire.

 Ouais … d’accord, déclarai-je avec joie. On arrête …

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