Chapitre IV - 2
Le chemin s'était fait dans le
silence le plus complet et les seuls mots qu'avait prononcés Nodoria étaient
« Tu es à présent douée de la faculté d'utiliser la magie ». J'avais
accepté ça vraiment penser à ce que ça représentait. je pouvais à présent
manipuler une force puissante et étrangère et même pas si je m'en apercevais.
Lily aussi était allée à la source mais était sortie beaucoup plus ravie que
moi. Lynan y était allé après son réveil et n’avait pas montré beaucoup
d’intérêt non plus. Il semblait perdu dans ses pensées. Je n'osais lui reparler
de ce qu'il s'était passé avant notre départ et lui ne semblait pas disposé à
me parler. Il avait juste décidé de me protéger des moqueries de Lily. Tous
deux me cachaient ce qu'il s'était passé pendant que j'étais allée à la source
de magie. Mais j'étais bien décidé à savoir ce qu'ils dissimulaient.
Nodoria nous apprit les bases de la
magie telles que la régénération d'énergie sans dormir et l'envoie de boule de
lave. Mais il faisait déjà nuit et nous devions dormir malgré notre nouveau
pouvoir anti-sommeil. On avait installé un camp rudimentaire à côté de la
fontaine soignante. Lynan dormait avec Lily alors que moi, je partageais ma
tente avec Nodoria. Elle s'endormit dès qu'elle fut allongée ce qui me fit
sourire en raison de son discours de tout à l'heure qui parlait de son sort
économiseur d'énergie vitale. Moi, je remuais sur mon matelas improvisé peu
confortable, incapable de trouver le sommeil. Je décidai donc de sortir de
cette foutue tente pour prendre l'air. Mais je fus surprise de voir que je
n'étais seule à ne pas pouvoir dormir car Lily et Lynan étaient en train de
parler près du feu. Ils me sourirent quand ils me virent. Lily m'invita à les
rejoindre. Lynan semblait quelque peu gêné mais continuait à me sourire. Je
n'évitai pas son regard mais je ne savais plus où me mettre. On n'avait quitté
notre monde que depuis deux jours et demi mais nous avions du mal à nous dire
que dans cinq jours, nous serions certainement au collège.
– Mais
si on trouve pas une solution, on retourna au collège complètement dingue,
lança Lily avec inquiétude.
– Ouais,
vous finirez comme moi, les filles, dit Lynan.
– Tais-toi
! m'écriai en souriant. Tu es peut-être déjà guéri ...
– Si
je me jette pas sur toi en t'étranglant ou en tentant de te tuer, on va en
déduire que je suis guéri ...
– Ouais,
peut-être bien, répondis-je en riant. Si tu ne te jettes pas sur moi ...
– Peut-être
le fera-t-il, coupa Lily avec ironie.
– Tu
as des idées mal placées ou je rêve ? lui demanda Lynan.
– Il
se pourrait bien mais quoi qu'il en soit, esquissa Lily, tu as envie de ...
– Tais-toi,
cria Lynan en coupant violemment sa phrase.
– Laisse
la finir, exigeai-je doucement.
– Non,
répondit-il. Je n'ai pas envie qu'elle dise ...
– La
vérité ? coupa Lily avec un sourire moqueur.
– Je
vais te tuer, déclara le jeune homme.
– J'ai
une confiance limitée envers cette phrase, dis-je en le regardant courir après
Lily qui s'enfuyait à toutes jambes.
– Je
veux pas mourir ! s'écria mon amie avec humour. Je tiens à la vie.
– Alors
ferme la ! rétorqua Lynan en continuant de la poursuivre autour de moi.
– Mais
c'est trop tentant, lança Lily. Tu vois bien qu'elle aussi, dit-elle en
s'arrêtant soudainement.
– Moi
aussi quoi ? lui demandai-je en insistant.
– Rien
...
– Moi
aussi quoi ? répétai-je avec rage.
– Ne
t'énerve pas comme ça ! dit Lynan.
– Oh,
quand on s'énerve parce qu'une fille vous dit qu'elle vous aime, on peut se
taire ! criai-je, coléreuse.
– Mais,
commença Lily. On rigolait ...
– Et
bien, vous allez continuer de rire tous les deux pendant que moi, je vais me
coucher !
– Attends,
s'écria Lynan.
– Laissez
moi ... J'ai sommeil !
– Tu
te fous de notre gueule, rétorqua Lily. Tu es toujours calme. Tu as perdu ton
envie de t'amuser et ...
– J'ai
frôlé la mort et tu me demandes d'être heureuse et pleine de vie ? hurlai-je.
Tu crois pas que c'est un peu trop demandé ?
– Oui
mais tu as dit que ...
– Je
sais parfaitement ce que j'ai dit et je n'ai laissé supposer une minute que
j'étais joyeuse et apte à m'éclater tel que vous ...
– Tout
ça, c'est à cause de moi, soupira Lynan.
– Je
ne vais pas te dire le contraire car ça serait mentir mais tu n'es pas le vrai
coupable ...
– Si,
coupa-t-il, et je m'en veux.
– Je
t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas pour ça ...
– Je
vais me coucher, annonça Lily.
– A
demain, Lily, lança Lynan. Je ne vais pas tarder moi non plus ...
– Il
serait tant d'y aller ... Il est un peu tard, répondis-je en le fixant.
– Oui
mais, commença-t-il en s'approchant de moi comme pour m'embrasser.
– Non,
désolé, lui dis-je en le repoussant. Je ne veux pas ... Pas maintenant ....
– Je
voulais te dire, lança-t-il alors que je me dirigeai vers ma tente, que moi
aussi ...
– Toi
aussi quoi ?
– Il
t'aime ! s'écria Lily qui apparemment avait suivi notre conversation à travers
la tente.
– Euh,
balbutia-t-il. On peut dire ça comme ça ...
– D'accord
... A demain, dis-je en partant d'un pas hésitant vers mon abri.
J'entra à l'intérieur et je sentais
mon cœur battre à cent à l'heure en moi. Nodoria dormait à poings fermés et
semblait être loin dans le pays des rêves alors que moi, je n'étais pas prête
de m'endormir. J'étais partie comme une voleuse quand il m'a dit qu'il m'aimait
alors que j'aurais tout donné pour qu'il m'aime ... J'étais la reine des
débiles ! Que devais-je faire ? Aller le voir dans sa tente et m'excuser ou le
laisser réfléchir à tout ça seul jusqu'à demain matin ?
Je ne pouvais pas tenir dans cette
tente surchauffée et je décidai de sortir. Je passerais certainement la nuit
dehors sans dormir avec mes remords, mais je m'étais mise dans cette situation
toute seule. je regardai par l'ouverture du tissu s'il y avait quelqu'un mais
personne à l'horizon. Je sortis donc, allumai le feu et sombrai dans mes
pensées les plus sordides. Soudain, j'entendis des chuchotements sortir de la
tente de mes amis. Ils parlaient sûrement de ce qui s'était passé. Mais les
susurrements cessèrent d'un seul coup et Lily sortit brutalement de sa petite
maison improvisée.
– Lynan
s'est évanouie !! s'écria-t-elle, alarmée. Tiens, tu es là, me lança-t-elle
surprise.
– Oui,
mais que s'est-il passé avec Lynan.
– Je
lui parlais et il est tombé dans les pommes ...
– Calmez
vous les filles, dit une voix masculine.
– C'est
toi, Lynan ? demanda Lily, incertaine.
– Oui,
répondit-il en sortant de la tente. Ça va bien ...
– Mais
tu t'es évanoui comme ça, sans raison, dit Lily.
– Mais
ça va, je te dis.
– Mais
...
– Je
t'ai dis que ça allait, s'écria-t-il avec rage. Tu me gonfles ...
– Je
m'inquiétais, balbutia Lily.
– Tes
inquiétudes, tu peux te les garder !
– Calme
toi, Lynan, criai-je en voyant la colère monter en lui.
– Toi,
ta gueule, me lança-t-il. Je croyais t'avoir montrer qui était le maître ...
– Le
maître ? demandai-je avec arrogance. Toi, le maître ?
– Oui
mais si tu veux, je peux te remontrer ...
– Tu
n'en es même pas capable, déclarai-je avec colère.
– Pense
ce que tu veux, me répondit-il en s'approchant violemment de moi.
Il serra ma gorge encore plus fort
que la première fois. Lily essayait de m'attraper mais elle n'y arrivait pas.
Nodoria se réveilla et sortit de la tente. Elle murmura une formule semblable à
celles qu'elle nous avait apprises au début de la soirée et un rayon de lumière
rouge jaillit sur Lynan. Mais celui-ci le contra sans difficulté, d'un geste de
la main. le sort se retourna contre la magicienne qui tomba par terre. Je
n'avais plus un once de souffle quand il lâcha prise. Je m'écroulai au sol, la
respiration coupée et incapable de dire un seul mot. Lynan me regardait d'un
air choqué et désolé. Il m'adressa des mots incompréhensibles et s'enfuit dans
sa tente. Lily le suivit lorsque Nodoria reprit ses esprits.
– La
source ne l'a pas arrangé, déclara-t-elle.
– Que
va-t-on faire ? demandai-je tristement.
– Je
ne sais pas ... Allez voir un mage ...
– La
magie n'est pas la bonne solution. Il devient puissant. Il a repoussé votre
attaque sans aucun problème.
– On
a pas vraiment le choix, annonça-t-elle d'un air grave. Il faut le sauver et on
a pas beaucoup de solutions.
– On
ne peut rien faire à part s'aider de la magie, c'est ça ?
– Exactement.
– Pouvais-vous
m'entraîner afin que je puisse me défendre lorsqu'il m'attaquera ? lui
demandai-je avec hésitation.
– Bien
sûr. On commence quand ?
– Maintenant,
déclarai-je, sûre de moi.
– Maintenant
? s'étonna Nodoria.
– Oui.
Il pourra m'attaquer à tout moment. Et je veux pouvoir me défendre. Jusqu'à la
mort ...
– D'accord,
répondit-elle, peu confiante. Mais que fait-on de Lily ?
– On
l'entraînera aussi. Je veux qu'elle soit en sécurité.
– Je
vais d'abord t'apprendre à faire un bouclier. Il repoussera tous tes
adversaires et te défendra des attaques.
– OK
...
J'appris donc à créer un champ de
force autour de moi et j'ai perfectionné mon envoie de boule de lave. Nodoria
m'a enseigné comment décuplé ma force et ma vitesse et m'expliqua que c'était
certainement grâce à ce sort que Lynan pouvait m'étrangler et qu'il arrivait à
repousser nos attaques. Elle m’a aussi montré quelques sorts d’attaque
différents qu’elle m’a fait refaire.
Lily suivit la même formation que
moi pendant que je surveillais Lynan. Il restait dans sa tente alors que je
gardais l'entrée. Il n'essayait pas d'établir de contact. Mais je l’entendais
marmonner doucement. Malgré cette méfiance extrême que j’éprouvais envers lui,
je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’il m’aimait et que je l’aimais aussi.
C’était une situation très dure pour moi que je vivais particulièrement mal
mais je tenais le coup et je refusais de me montrer faible. Même s’il m’aimait,
ça n’allait pas l’empêcher de vouloir me tuer. J’étais perdue et je ne savais
plus où donner de la tête. Le haïr ou continuer de l’aimer ? L’ignorer ou
le faire sortir de ce mauvais pas ?
– Tu
penses à moi ? me demanda Lynan à travers la tente.
– Tu
me parles maintenant ? rétorquai-je méchamment.
– Non,
je te pose une question et ce serait bien que tu me répondes …
– Ben,
oui … Pourquoi cette question ?
– Parce
que je peux lire dans tes pensées, déclara-t-il avec hésitation. J’entends ce
que tu penses.
– Et
je pense quoi ? dis-je, intriguée.
– Tu
te demandes si tu dois m’aider ou me laisser croupir dans ma tente …
– Tu
n’as pas honte ? m’exclamai-je, révoltée.
– De
quoi ? demanda-t-il doucement.
– Tu
essaies de me tuer à deux reprises et tu te permets de lire dans mes pensées.
Tu trouves pas ça abusé ?
– Non,
déclara-t-il avec sûreté. Car je ne me rappelle pas avoir essayé de te tuer. Je
le sais car tu n’arrives plus à respirer quand je reprends mes esprits.
– Mais
tu as failli me tuer ! Moi et Nodoria aussi ! criai-je avec
tristesse. Je ne peux plus continuer ainsi, Lynan. J’en ai marre. Je craque. Tu
es là, en train de me dire que tu n’es en rien dans cette histoire mais ce sont
tes mains qui m’ont étranglé … Ce sont tes yeux qui nous ont regardés si
méchamment …
– Mais
c’est aussi mon cœur qui bat pour toi, coupa-t-il avec douceur.
– Tu
crois que c’est en me disant ça que tu réussiras à te faire aimer ?
m’écriai-je en pleurant.
– Je
ne crois pas. J’espère, répondit-il amoureusement.
J’ouvris la tente violemment et
utilisai un sort agressif qui le serrerait comme un compresseur.
- Arrête, me supplia-t-il.
- Je te fais enduré que tu m’as fait
au cou, rétorquai-je, la colère brûlant dans mon regard.
- Sandra, s’écria Nodoria qui venait
de revenir de la formation de Lily.
- Non ! criai-je avec rage. Je
veux qu’il souffre.
- Sandra, tu es en colère, dit Lily.
Mais tu l’aimes et tu regretteras toute ta vie ton acte si tu le tues.
- Non, sûrement pas ! hurlai-je.
Je le hais. Il a joué avec mes sentiments et se permet de lire dans mes pensées
après tout ce qu’il m’a fait enduré. Je le déteste et je vais le tuer !
- Arrête ou je te ferais arrêter de
force, lança Nodoria. Et tu sais très bien que ce n’est pas une bonne idée …
- Laisse moi maintenant,
Nodoria ! Tu ne crois pas qu’il m’a assez fait souffrir ?
- Non, pas au point de le tuer,
déclara-t-elle.
- Lâche le, me supplia Lily. Tu n'as
pas le droit de le tuer.
- Mais j'en ai le pouvoir, criai-je en
pleurant. Rien ne m'empêche de lui envoyer une boule de lave dans la tête. Il
comprendra enfin ce qu'il m'a fait subir.
- Tu disais ne pas lui en vouloir,
affirma Nodoria. Tu as menti alors ? Tu lui en voulais. Tu cherchais une
vengeance digne de ce nom. Tu la lui préparais. Tu voulais être plus forte pour
pouvoir enfin réaliser ta vengeance ...
- Non, hurlai-je. Il m'a poussé à bout
! Je n'ai pas voulu une seule seconde me venger. Il ose me dire que ce n'est
pas de sa faute s'il a essayé de m'étrangler ! Mais il se fout de moi ...
- Lâche le, répéta Lily plus
calmement.
Je le relâchai subitement puis
m'effondrai sur le sol, en larmes.
- Laissez nous seuls, demanda Lynan,
essoufflé.
- Non, c'est trop dangereux, répondit
Lily.
- Je veux lui parler, seul à seul,
exigea Lynan.
- Laisse moi, lui criai-je. Je veux
être seule. Dégagez tous !
- Non, rétorqua-t-il. Je veux rester
avec toi.
- Puisque tu arrives à lire dans mes
pensées, pourrais-tu me dire ce que je ressens ? demandai-je doucement.
- De la peur, de l'amour, de la haine
... Tout est confus en toi. Tu me hais mais tu ne peux t'empêcher de m'aimer.
Tu n'as jamais voulu me tuer mais c'est sous la colère et les pleurs que tu as
sortis ces menaces, me dit-il me serrant contre lui. Laissez nous, lança-t-il à
Lily et Nodoria. On a quelques trucs à se dire.
- Mais laisse moi, m'exclamai-je, hors
de moi. Je pense tout ce que je t'ai dis et de plus, tu lis très mal dans mon
esprit. Sache que je ne t'ai jamais haï ainsi. Tu crois pas que tu m'as assez
fait chier ?
- Mais, balbutia-t-il.
- Lâche moi et laisse moi dormir
tranquille, coupai-je en rompant notre étreinte. J'aimerais profiter des
quelques heures où je ne serais pas obliger de supporter de te voir.
- OK, répondit-il calmement. Nodoria,
que se passera-t-il si je ne trouve pas le moyen d'éviter mes crises de colères
?
- J'en ai aucune idée, dit-elle
tristement. Peut-être t'en prendras-tu à toi-même ...
- Au moins, ça m'évitera de m'en
charger, rétorquai-je méchamment. Je vais me coucher, annonçai en me dirigeant
vers ma tente.
- On devrait tous y aller, déclara
Nodoria. Regagnez vos abris ...
Dès que je fus allongée, je trouvai
le sommeil, laissant derrière moi cette sale soirée. Ne regrettant pas mes
actes, je m'endormis, la haine en moi mais le doute grandissant dans mon
esprit. Si on ne trouvait pas le remède à tout ça ? S’il restait ainsi
jusqu’à ce qu’on doive retourner dans notre monde ? Je ne savais quoi
pensait …
Le chemin s'était fait dans le
silence le plus complet et les seuls mots qu'avait prononcés Nodoria étaient
« Tu es à présent douée de la faculté d'utiliser la magie ». J'avais
accepté ça vraiment penser à ce que ça représentait. je pouvais à présent
manipuler une force puissante et étrangère et même pas si je m'en apercevais.
Lily aussi était allée à la source mais était sortie beaucoup plus ravie que
moi. Lynan y était allé après son réveil et n’avait pas montré beaucoup
d’intérêt non plus. Il semblait perdu dans ses pensées. Je n'osais lui reparler
de ce qu'il s'était passé avant notre départ et lui ne semblait pas disposé à
me parler. Il avait juste décidé de me protéger des moqueries de Lily. Tous
deux me cachaient ce qu'il s'était passé pendant que j'étais allée à la source
de magie. Mais j'étais bien décidé à savoir ce qu'ils dissimulaient.
Nodoria nous apprit les bases de la
magie telles que la régénération d'énergie sans dormir et l'envoie de boule de
lave. Mais il faisait déjà nuit et nous devions dormir malgré notre nouveau
pouvoir anti-sommeil. On avait installé un camp rudimentaire à côté de la
fontaine soignante. Lynan dormait avec Lily alors que moi, je partageais ma
tente avec Nodoria. Elle s'endormit dès qu'elle fut allongée ce qui me fit
sourire en raison de son discours de tout à l'heure qui parlait de son sort
économiseur d'énergie vitale. Moi, je remuais sur mon matelas improvisé peu
confortable, incapable de trouver le sommeil. Je décidai donc de sortir de
cette foutue tente pour prendre l'air. Mais je fus surprise de voir que je
n'étais seule à ne pas pouvoir dormir car Lily et Lynan étaient en train de
parler près du feu. Ils me sourirent quand ils me virent. Lily m'invita à les
rejoindre. Lynan semblait quelque peu gêné mais continuait à me sourire. Je
n'évitai pas son regard mais je ne savais plus où me mettre. On n'avait quitté
notre monde que depuis deux jours et demi mais nous avions du mal à nous dire
que dans cinq jours, nous serions certainement au collège.
– Mais
si on trouve pas une solution, on retourna au collège complètement dingue,
lança Lily avec inquiétude.
– Ouais,
vous finirez comme moi, les filles, dit Lynan.
– Tais-toi
! m'écriai en souriant. Tu es peut-être déjà guéri ...
– Si
je me jette pas sur toi en t'étranglant ou en tentant de te tuer, on va en
déduire que je suis guéri ...
– Ouais,
peut-être bien, répondis-je en riant. Si tu ne te jettes pas sur moi ...
– Peut-être
le fera-t-il, coupa Lily avec ironie.
– Tu
as des idées mal placées ou je rêve ? lui demanda Lynan.
– Il
se pourrait bien mais quoi qu'il en soit, esquissa Lily, tu as envie de ...
– Tais-toi,
cria Lynan en coupant violemment sa phrase.
– Laisse
la finir, exigeai-je doucement.
– Non,
répondit-il. Je n'ai pas envie qu'elle dise ...
– La
vérité ? coupa Lily avec un sourire moqueur.
– Je
vais te tuer, déclara le jeune homme.
– J'ai
une confiance limitée envers cette phrase, dis-je en le regardant courir après
Lily qui s'enfuyait à toutes jambes.
– Je
veux pas mourir ! s'écria mon amie avec humour. Je tiens à la vie.
– Alors
ferme la ! rétorqua Lynan en continuant de la poursuivre autour de moi.
– Mais
c'est trop tentant, lança Lily. Tu vois bien qu'elle aussi, dit-elle en
s'arrêtant soudainement.
– Moi
aussi quoi ? lui demandai-je en insistant.
– Rien
...
– Moi
aussi quoi ? répétai-je avec rage.
– Ne
t'énerve pas comme ça ! dit Lynan.
– Oh,
quand on s'énerve parce qu'une fille vous dit qu'elle vous aime, on peut se
taire ! criai-je, coléreuse.
– Mais,
commença Lily. On rigolait ...
– Et
bien, vous allez continuer de rire tous les deux pendant que moi, je vais me
coucher !
– Attends,
s'écria Lynan.
– Laissez
moi ... J'ai sommeil !
– Tu
te fous de notre gueule, rétorqua Lily. Tu es toujours calme. Tu as perdu ton
envie de t'amuser et ...
– J'ai
frôlé la mort et tu me demandes d'être heureuse et pleine de vie ? hurlai-je.
Tu crois pas que c'est un peu trop demandé ?
– Oui
mais tu as dit que ...
– Je
sais parfaitement ce que j'ai dit et je n'ai laissé supposer une minute que
j'étais joyeuse et apte à m'éclater tel que vous ...
– Tout
ça, c'est à cause de moi, soupira Lynan.
– Je
ne vais pas te dire le contraire car ça serait mentir mais tu n'es pas le vrai
coupable ...
– Si,
coupa-t-il, et je m'en veux.
– Je
t'ai déjà dit que je ne t'en voulais pas pour ça ...
– Je
vais me coucher, annonça Lily.
– A
demain, Lily, lança Lynan. Je ne vais pas tarder moi non plus ...
– Il
serait tant d'y aller ... Il est un peu tard, répondis-je en le fixant.
– Oui
mais, commença-t-il en s'approchant de moi comme pour m'embrasser.
– Non,
désolé, lui dis-je en le repoussant. Je ne veux pas ... Pas maintenant ....
– Je
voulais te dire, lança-t-il alors que je me dirigeai vers ma tente, que moi
aussi ...
– Toi
aussi quoi ?
– Il
t'aime ! s'écria Lily qui apparemment avait suivi notre conversation à travers
la tente.
– Euh,
balbutia-t-il. On peut dire ça comme ça ...
– D'accord
... A demain, dis-je en partant d'un pas hésitant vers mon abri.
J'entra à l'intérieur et je sentais
mon cœur battre à cent à l'heure en moi. Nodoria dormait à poings fermés et
semblait être loin dans le pays des rêves alors que moi, je n'étais pas prête
de m'endormir. J'étais partie comme une voleuse quand il m'a dit qu'il m'aimait
alors que j'aurais tout donné pour qu'il m'aime ... J'étais la reine des
débiles ! Que devais-je faire ? Aller le voir dans sa tente et m'excuser ou le
laisser réfléchir à tout ça seul jusqu'à demain matin ?
Je ne pouvais pas tenir dans cette
tente surchauffée et je décidai de sortir. Je passerais certainement la nuit
dehors sans dormir avec mes remords, mais je m'étais mise dans cette situation
toute seule. je regardai par l'ouverture du tissu s'il y avait quelqu'un mais
personne à l'horizon. Je sortis donc, allumai le feu et sombrai dans mes
pensées les plus sordides. Soudain, j'entendis des chuchotements sortir de la
tente de mes amis. Ils parlaient sûrement de ce qui s'était passé. Mais les
susurrements cessèrent d'un seul coup et Lily sortit brutalement de sa petite
maison improvisée.
– Lynan
s'est évanouie !! s'écria-t-elle, alarmée. Tiens, tu es là, me lança-t-elle
surprise.
– Oui,
mais que s'est-il passé avec Lynan.
– Je
lui parlais et il est tombé dans les pommes ...
– Calmez
vous les filles, dit une voix masculine.
– C'est
toi, Lynan ? demanda Lily, incertaine.
– Oui,
répondit-il en sortant de la tente. Ça va bien ...
– Mais
tu t'es évanoui comme ça, sans raison, dit Lily.
– Mais
ça va, je te dis.
– Mais
...
– Je
t'ai dis que ça allait, s'écria-t-il avec rage. Tu me gonfles ...
– Je
m'inquiétais, balbutia Lily.
– Tes
inquiétudes, tu peux te les garder !
– Calme
toi, Lynan, criai-je en voyant la colère monter en lui.
– Toi,
ta gueule, me lança-t-il. Je croyais t'avoir montrer qui était le maître ...
– Le
maître ? demandai-je avec arrogance. Toi, le maître ?
– Oui
mais si tu veux, je peux te remontrer ...
– Tu
n'en es même pas capable, déclarai-je avec colère.
– Pense ce que tu veux, me répondit-il en s'approchant violemment de moi.
Il serra ma gorge encore plus fort
que la première fois. Lily essayait de m'attraper mais elle n'y arrivait pas.
Nodoria se réveilla et sortit de la tente. Elle murmura une formule semblable à
celles qu'elle nous avait apprises au début de la soirée et un rayon de lumière
rouge jaillit sur Lynan. Mais celui-ci le contra sans difficulté, d'un geste de
la main. le sort se retourna contre la magicienne qui tomba par terre. Je
n'avais plus un once de souffle quand il lâcha prise. Je m'écroulai au sol, la
respiration coupée et incapable de dire un seul mot. Lynan me regardait d'un
air choqué et désolé. Il m'adressa des mots incompréhensibles et s'enfuit dans
sa tente. Lily le suivit lorsque Nodoria reprit ses esprits.
– La
source ne l'a pas arrangé, déclara-t-elle.
– Que
va-t-on faire ? demandai-je tristement.
– Je
ne sais pas ... Allez voir un mage ...
– La
magie n'est pas la bonne solution. Il devient puissant. Il a repoussé votre
attaque sans aucun problème.
– On
a pas vraiment le choix, annonça-t-elle d'un air grave. Il faut le sauver et on
a pas beaucoup de solutions.
– On
ne peut rien faire à part s'aider de la magie, c'est ça ?
– Exactement.
– Pouvais-vous
m'entraîner afin que je puisse me défendre lorsqu'il m'attaquera ? lui
demandai-je avec hésitation.
– Bien
sûr. On commence quand ?
– Maintenant,
déclarai-je, sûre de moi.
– Maintenant
? s'étonna Nodoria.
– Oui.
Il pourra m'attaquer à tout moment. Et je veux pouvoir me défendre. Jusqu'à la
mort ...
– D'accord,
répondit-elle, peu confiante. Mais que fait-on de Lily ?
– On
l'entraînera aussi. Je veux qu'elle soit en sécurité.
– Je
vais d'abord t'apprendre à faire un bouclier. Il repoussera tous tes
adversaires et te défendra des attaques.
– OK
...
J'appris donc à créer un champ de
force autour de moi et j'ai perfectionné mon envoie de boule de lave. Nodoria
m'a enseigné comment décuplé ma force et ma vitesse et m'expliqua que c'était
certainement grâce à ce sort que Lynan pouvait m'étrangler et qu'il arrivait à
repousser nos attaques. Elle m’a aussi montré quelques sorts d’attaque
différents qu’elle m’a fait refaire.
Lily suivit la même formation que
moi pendant que je surveillais Lynan. Il restait dans sa tente alors que je
gardais l'entrée. Il n'essayait pas d'établir de contact. Mais je l’entendais
marmonner doucement. Malgré cette méfiance extrême que j’éprouvais envers lui,
je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’il m’aimait et que je l’aimais aussi.
C’était une situation très dure pour moi que je vivais particulièrement mal
mais je tenais le coup et je refusais de me montrer faible. Même s’il m’aimait,
ça n’allait pas l’empêcher de vouloir me tuer. J’étais perdue et je ne savais
plus où donner de la tête. Le haïr ou continuer de l’aimer ? L’ignorer ou
le faire sortir de ce mauvais pas ?
– Tu
penses à moi ? me demanda Lynan à travers la tente.
– Tu
me parles maintenant ? rétorquai-je méchamment.
– Non,
je te pose une question et ce serait bien que tu me répondes …
– Ben,
oui … Pourquoi cette question ?
– Parce
que je peux lire dans tes pensées, déclara-t-il avec hésitation. J’entends ce
que tu penses.
– Et
je pense quoi ? dis-je, intriguée.
– Tu
te demandes si tu dois m’aider ou me laisser croupir dans ma tente …
– Tu
n’as pas honte ? m’exclamai-je, révoltée.
– De
quoi ? demanda-t-il doucement.
– Tu
essaies de me tuer à deux reprises et tu te permets de lire dans mes pensées.
Tu trouves pas ça abusé ?
– Non,
déclara-t-il avec sûreté. Car je ne me rappelle pas avoir essayé de te tuer. Je
le sais car tu n’arrives plus à respirer quand je reprends mes esprits.
– Mais tu as failli me tuer ! Moi et Nodoria aussi ! criai-je avec tristesse. Je ne peux plus continuer ainsi, Lynan. J’en ai marre. Je craque. Tu es là, en train de me dire que tu n’es en rien dans cette histoire mais ce sont tes mains qui m’ont étranglé … Ce sont tes yeux qui nous ont regardés si méchamment …
– Mais
c’est aussi mon cœur qui bat pour toi, coupa-t-il avec douceur.
– Tu
crois que c’est en me disant ça que tu réussiras à te faire aimer ?
m’écriai-je en pleurant.
– Je
ne crois pas. J’espère, répondit-il amoureusement.
J’ouvris la tente violemment et
utilisai un sort agressif qui le serrerait comme un compresseur.
- Arrête, me supplia-t-il.
- Je te fais enduré que tu m’as fait
au cou, rétorquai-je, la colère brûlant dans mon regard.
- Sandra, s’écria Nodoria qui venait
de revenir de la formation de Lily.
- Non ! criai-je avec rage. Je
veux qu’il souffre.
- Sandra, tu es en colère, dit Lily.
Mais tu l’aimes et tu regretteras toute ta vie ton acte si tu le tues.
- Non, sûrement pas ! hurlai-je.
Je le hais. Il a joué avec mes sentiments et se permet de lire dans mes pensées
après tout ce qu’il m’a fait enduré. Je le déteste et je vais le tuer !
- Arrête ou je te ferais arrêter de
force, lança Nodoria. Et tu sais très bien que ce n’est pas une bonne idée …
- Laisse moi maintenant,
Nodoria ! Tu ne crois pas qu’il m’a assez fait souffrir ?
- Non, pas au point de le tuer,
déclara-t-elle.
- Lâche le, me supplia Lily. Tu n'as
pas le droit de le tuer.
- Mais j'en ai le pouvoir, criai-je en
pleurant. Rien ne m'empêche de lui envoyer une boule de lave dans la tête. Il
comprendra enfin ce qu'il m'a fait subir.
- Tu disais ne pas lui en vouloir,
affirma Nodoria. Tu as menti alors ? Tu lui en voulais. Tu cherchais une
vengeance digne de ce nom. Tu la lui préparais. Tu voulais être plus forte pour
pouvoir enfin réaliser ta vengeance ...
- Non, hurlai-je. Il m'a poussé à bout
! Je n'ai pas voulu une seule seconde me venger. Il ose me dire que ce n'est
pas de sa faute s'il a essayé de m'étrangler ! Mais il se fout de moi ...
- Lâche le, répéta Lily plus
calmement.
Je le relâchai subitement puis
m'effondrai sur le sol, en larmes.
- Laissez nous seuls, demanda Lynan,
essoufflé.
- Non, c'est trop dangereux, répondit
Lily.
- Je veux lui parler, seul à seul,
exigea Lynan.
- Laisse moi, lui criai-je. Je veux
être seule. Dégagez tous !
- Non, rétorqua-t-il. Je veux rester
avec toi.
- Puisque tu arrives à lire dans mes
pensées, pourrais-tu me dire ce que je ressens ? demandai-je doucement.
- De la peur, de l'amour, de la haine
... Tout est confus en toi. Tu me hais mais tu ne peux t'empêcher de m'aimer.
Tu n'as jamais voulu me tuer mais c'est sous la colère et les pleurs que tu as
sortis ces menaces, me dit-il me serrant contre lui. Laissez nous, lança-t-il à
Lily et Nodoria. On a quelques trucs à se dire.
- Mais laisse moi, m'exclamai-je, hors
de moi. Je pense tout ce que je t'ai dis et de plus, tu lis très mal dans mon
esprit. Sache que je ne t'ai jamais haï ainsi. Tu crois pas que tu m'as assez
fait chier ?
- Mais, balbutia-t-il.
- Lâche moi et laisse moi dormir
tranquille, coupai-je en rompant notre étreinte. J'aimerais profiter des
quelques heures où je ne serais pas obliger de supporter de te voir.
- OK, répondit-il calmement. Nodoria,
que se passera-t-il si je ne trouve pas le moyen d'éviter mes crises de colères
?
- J'en ai aucune idée, dit-elle
tristement. Peut-être t'en prendras-tu à toi-même ...
- Au moins, ça m'évitera de m'en
charger, rétorquai-je méchamment. Je vais me coucher, annonçai en me dirigeant
vers ma tente.
- On devrait tous y aller, déclara
Nodoria. Regagnez vos abris ...
Dès que je fus allongée, je trouvai
le sommeil, laissant derrière moi cette sale soirée. Ne regrettant pas mes
actes, je m'endormis, la haine en moi mais le doute grandissant dans mon
esprit. Si on ne trouvait pas le remède à tout ça ? S’il restait ainsi
jusqu’à ce qu’on doive retourner dans notre monde ? Je ne savais quoi
pensait …